L'import-export présenté, expliqué et commenté, .....Economie, fiscalité,propriété intellectuelle, normes

Ce blog d’information et d'échanges est consacré pour une grande partie à la présentation de l'import-export et du droit des entreprises à l'international – Ainsi qu’au suivi et à l’actualisation du livre L'import-export présenté, expliqué et commenté aux TPE et PME. Il s'adresse aux professionnels de l'import-export, de la logistique, des secteurs financiers et comptables, du droit des entreprises, du droit fiscal, de la propriété intellectuelle, aux enseignants et étudiants en ces différentes matières, et d'une manière générale à toute personne intéressée par le commerce international et la mondialisation. Sans se substituer aux textes applicables ni à ces professionnels qui demeurent en toute hypothèse les sources privilégiées d'information et intervenants référents. Jean Sliwa

Commerce international et mondialisation : un bref historique

Cette rubrique est consacrée à l’histoire et à la géographie, sans oublier la géopolitique, du commerce international et de la mondialisation.

Voici un premier article sur le sujet, d’une série qui en comportera plusieurs.

Le commerce international et la mondialisation font peur, le plus souvent, aux français, mais aussi aux autres habitants de la planète, aux américains, par exemple, pourtant très présents sur les marchés mondiaux, quand notamment des entreprises nationales délocalisent leurs productions, leurs centres de distribution, leurs activités de recherche, voire leur sièges sociaux ou transfèrent à l’occasion de grand contrats à l’exportation, leurs technologies. De fait, on leur attribue souvent tous les torts, alors qu’il y a bien longtemps que les entreprises et les particuliers échangent des produits, des capitaux, des services, au-delà des régions et des villes, de ces territoires intérieurs autrefois délimités par les octrois que l'on rencontre encore au détour d'une rue, et des frontières des états qui se sont progressivement et difficilement constituées.

Il est vrai que s’ils profitent à certains états et à leurs populations, le commerce international et la mondialisation en desservent pour de multiples raisons d’autres, le marché n’étant pas également réparti, extensible, et les comportements et les pratiques des différents intervenants depuis toujours, exemplaires.

Contrairement à une idée répandue, donc, il y a bien longtemps que l'échange international se pratique, comme le relate par exemple dans une biographie consacrée à Attila (406-453), Eric Deschott «Tous les ans se tenait dans la plaine de Margus, située en Serbie, l’une des plus grandes foires d’Europe où se rencontraient les négociants des deux empires romains. Elle assurait de gros bénéfices à celui d’Orient qui en était l’hôte. Outre des représentants de tous les peuples d’Europe, on y croise des Perses, des Hindous, des Chinois .....des Huns aussi qui venaient en voisin. C’était une foire de rang mondial ». L’échange se pratiquait depuis longtemps aussi entre par exemple la Chine, la Turquie et l’Europe, en empruntant une route, dite de la soie, une matière dont les chinois ont longtemps détenu le monopole de fabrication.

Ce dont témoigne également Adam Smith (1723-1790), l'économiste écossais, père de l'économie classique, dans son ouvrage de référence, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations : «D'après les témoignages les plus authentiques de l'histoire, il paraît que les nations qui ont été les premières civilisées sont celles qui ont habité autour des côtes de la Méditerranée. Cette mer, sans comparaison la plus grande de toutes les mers intérieures du globe, n'ayant point de marées et, par conséquent, point d'autres vagues que celles causées par les vents, était extrêmement favorable à la navigation, tant par la tranquillité de ses eaux que par la multitude de ses îles et par la proximité des rivages qui la bordent, alors que les hommes, ignorant l'usage de la boussole, craignaient de perdre de vue les côtes et que, dans l'état d'imperfection où était l'art de la construction des vaisseaux, ils n'osaient s'abandonner aux flots impétueux de l'Océan».

Ainsi qu’Alain Peyrefitte (1925-1999), l'ex ministre, académicien, écrivain, dans Du miracle en économie : «des activités commerciales régulières sont attestées deux millénaires avant notre ère, entre Assour et l'Anatolie centrale. L'argent, le cuivre, le plomb, l'étain sont vendus par l'intermédiaire de marchands assyriens. Le Code d'Ammourabi, au XVIIème siècle avant Jésus-Christ, décrit les modalités de ce commerce».

Parmi ces peuples marchands, la Phénicie, approximativement l’actuel Liban, est ainsi souvent citée comme étant l’un de ceux qui ont beaucoup navigué dans cette mer favorable aux transports et commercé y compris au-delà, jusqu’en Inde, tout en ayant pour favoriser les échanges et la communication inventé l’alphabet 1500 ans avant notre ère.

Avant les états nations qui n’étaient pas encore tous constitués, en leur forme actuelle en tout cas, dès le XIème siècle, ce sont de grandes villes érigés parfois en république, en véritable état, autonomes, toutes des ports quasiment, comme Anvers, Bruges, Florence, Hambourg, Lubeck (et les autres villes hanséatiques), Rotterdam, Venise, ..., inventeur du capitalisme conquérant, de la société anonyme avant l’heure, d’usages commerciaux novateurs, et l’initiative privée, qui participèrent activement à ce développement des échanges, ainsi que, par ailleurs, au rayonnement des arts et de la culture, ce dont de nombreux touristes peuvent encore de nos jours témoigner.

Fin du Xème siècle et au cours des XIème et XIIème, des foires se développent également sur les grands axes terrestres, en Champagne notamment entre le Nord et le Sud, comme le rapporte le site http://www.seine-et-marne.gouv.fr/ : « Les marchands s'associent alors pour transporter leurs produits. A la même époque, sont débarqués dans les ports du sud de la France, les cargaisons provenant d'Orient et d'Afrique du Nord. Les denrées sont ensuite acheminées vers des villes privilégiées, telles que : Arles, Avignon, Montpellier ou Cahors, mais surtout, vers «les carrefours de grand passage» comme la Champagne où se tiennent des foires très réputées, notamment celle de Provins, favorisées par les comtes de Champagne ».

Plus mouvementée que la Méditerranée, l’Atlantique devint à son tour après la découverte des Amériques, en 1492, par Christophe Colomb (1451-1506), avec ses risques de navigation plus prononcés, un espace propice aux échanges entre l’Europe et ces territoires éloignés, favorisés par l’utilisation de la caravelle, du gouvernail d’étambot, de l’astrobale (instrument astronomique), des premières cartes marines, et de la boussole. Ce qui changea la donne et enleva à la Méditerranée et aux pays du sud leur prééminence.

Dans le même temps, en 1488, les portugais et plus précisément Bartholomeu Dias (1450-1500) longeant les côtes de l’Afrique découvraient puis franchissaient le cap de bonne espérance, appelé dans une première approche le cap des tempêtes, et accédaient par mer et l'océan indien aux indes et aux régions proches.

Des compagnies maritimes au long cours furent aussi créées par les institutions, au sein desquelles étaient représentés les marchands, comme en 1600, la Compagnie des indes orientales, disposant d’un monopole commercial dans l’Océan indien attribuée par une Charte royale. L’Inde, avec le Bengladesh et le Pakistan actuels, furent ensuite administrés par l’état anglais transformant cette conquête commerciale en un empire colonial, jusqu’en 1947, et la Compagnie des indes orientales en 1602, par les Provinces Unies.

En France, ce fut Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, par nécessité et par conviction, qui favorisa le commerce intra et avec l’étranger sous différentes formes, par exemple, moyennant certains avantages, en faisant venir la famille néerlandaise Van Robais pour créer en 1665 à Abbeville la manufacture royale des Rames. Illustrant les politiques menées de nos jours pour permettre l’implantation en France de sociétés étrangères, génératrices d’emploi et d’échanges internationaux. Et le fait que la mondialisation n’est pas à sens unique. Sachant que Louis XIV fit également la guerre aux Pays-Bas, dit-on, aussi, pour des raisons commerciales.

A l’instar de l’Angleterre et des Provinces Unies, Colbert créa aussi en 1665 la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales, disposant également d’un monopole commercial, qui ne dura guère suite aux défaites militaires infligées par les anglais en Inde.

En 1719, d’autres compagnies, la Compagnie du Sénégal, la Compagnie de Chine, la Compagnie du Mississipi, la Compagnie de la Louisiane, furent constituées par ses successeurs, sans grand succès, illustrant, comme pour l’Angleterre, l’esprit de conquête maritime et territoriale autant que commerciale qui régnait depuis plus d’un siècle sur ces trois continents (l’Afrique, l’Amérique et l’Asie) et sur leurs richesses.

Puis ce fut en France plus particulièrement Napoléon III, plus libéral et libre-échangiste que ses prédécesseurs, qui impulsa et développa le commerce en signant en 1860 un accord de libre-échange avec l’Angleterre, qui ne fit pas l’unanimité, y compris chez les industriels.

Faites du commerce, pas la guerre, c'est déjà ce qu’écrivait en 1749 Montesquieu (1689-1755), dans l’Esprit des lois, faisant le lien entre le commerce et les mœurs, constatant, que : « Le commerce guérit des préjugés destructeurs ; et c’est presque une règle générale, que partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce ; et que partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces. Qu’on ne s’étonne donc point si nos mœurs sont moins féroces qu’elles ne l’étoient autrefois. Le commerce a fait que la connoissance des moeurs de toutes les nations a pénétré partout : on les a comparées entre elles, et il en a résulté de grands biens.» Le commerce évite aux nations et aux hommes de s’entredéchirer, car, dit-il « L’effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels. La privation totale du commerce produit au contraire le brigandage, qu’Aristote met au nombre des manières d’acquérir. L’esprit n’en est point opposé à de certaines vertus morales : par exemple, l’hospitalité, très rare dans les pays de commerce, se trouve admirablement parmi les peuples brigands».

L’histoire et les faits ne donnèrent pas toujours raison à Montesquieu, comme le démontrèrent les conquêtes espagnoles, portugaises, anglaises, hollandaises, françaises, qui se firent dans la douleur au détriment des populations des pays conquis le plus souvent par la force ou contraintes d’accéder unilatéralement aux désirs de leurs clients. Les mœurs et les relations commerciales ne furent donc pas toujours « douces ». Ce qui fut aussi le cas de tous les empires conquérants et dominateurs, généralement, plus ou moins. Comme on peut le lire par exemple dans La Grande histoire du monde, de François Reynaert.

Les trois révolutions industrielles – et agricoles – sur lesquelles nous reviendront, vinrent ensuite dans ses différents aspects contribuer fortement aux échanges internationaux de même que, récemment, trois événements majeurs, à savoir :

1) dès 1980, la conversion progressive de la Chine au libre-échange sous la direction de Deng Xiaoping (1904-1997), concrétisée par son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce l'OMC, le 11 décembre 2001 ;

2) le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin séparant les deux allemagnes d'alors, érigé durant la nuit du 12 au 13 août 1961 ;

3) en 1991, l'effondrement de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et son éclatement en 15 états indépendants (dont certains sont désormais membres de l’Union européenne), convertis au capitalisme.

A ces profonds changements, il convient d’ajouter la création de l’Union européenne en 1957 qui rassemble aujourd’hui 28 états membres et quelques 508 millions d'habitants et de consommateurs au sein d’une vaste zone sans frontière douanière.

Après les villes états, l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, la France, les Pays bas, qui conquirent le monde et configurèrent l'espace et l'étendue du commerce international, des échanges, ce furent les Etats Unis et plus tard la Chine – avec la Belgique, le Brésil, le Canada, la République de Corée, l’Inde, l’Italie, le Japon et la Russie - qui ont en quelque sorte rejoint ces pays européens conquérants qui ont perdu leur suprématie, tout en restant très actifs et placés en tête des pays importateurs et exportateurs. Tandis que l’Allemagne se hissait dans les tous premiers rangs du classement. Pour la Chine, ce fut un grand retour sur la  scène internationale et économique, après s’être endormi durant plusieurs siècles.

Bibliographie

1492, Jacques Attali, Editions Arthème Fayard, 1991

Attila, Eric Deschodt, Editions Gallimard 2006

De l’Esprit des lois, Montesquieu, Editions Gallimard, 1995

Du miracle en économie, Alain Peyrefitte, Editions Odile Jacob, 1995

La révolution industrielle, 1780-1880, Jean-Pierre Rioux, Editions du Seuil, 1971

Les royaumes combattants, Jean-François Susbielle, Editions First Editions, 2008

Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Adam Smith, Editions Flammarion, collection GF Flammarion, 1991 (I) et (II)

Toute la géographie du monde, Jean-Claude Barreau et Guillaume Bigot, Editions Fayard, 2007

Sitographie

http://www.larousse.fr/encyclopedie

https://fr.wikipedia.org/

https://www.herodote.net/


 

 

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