L'import-export présenté, expliqué et commenté, .....Economie, fiscalité,propriété intellectuelle, normes

Ce blog d’information et d'échanges est consacré pour une grande partie à la présentation de l'import-export et du droit des entreprises à l'international – Ainsi qu’au suivi et à l’actualisation du livre L'import-export présenté, expliqué et commenté aux TPE et PME. Il s'adresse aux professionnels de l'import-export, de la logistique, des secteurs financiers et comptables, du droit des entreprises, du droit fiscal, de la propriété intellectuelle, aux enseignants et étudiants en ces différentes matières, et d'une manière générale à toute personne intéressée par le commerce international et la mondialisation. Sans se substituer aux textes applicables ni à ces professionnels qui demeurent en toute hypothèse les sources privilégiées d'information et intervenants référents. Jean Sliwa

Les marchands et le commerce international

Le commerce international désignant en ses origines le commerce au grand cours, le grand commerce, fut initialement le fait de personnes que l’on appelait alors des marchands, soit comme les définit le Larousse des personnes qui font du négoce, qui sont habiles dans l'art du négoce, qui ont l’art de marchander, c’est-à-dire de discuter du prix pour l’obtenir à meilleur compte.

Le métier n’était pas de tout repos et nécessitait quelques qualités propres à l’exercice de cette profession, qui ne sont pas toujours à leur avantage, comme le relate dans 1492[1], Jacques Attali : «Intellectuel, le marchand doit savoir lire livres et cartes, connaître la géographie, la météorologie, la cosmographie, les langues, les mathématiques. Aventurier, il doit oser tricher, voler, exploiter, tuer même, si nécessaire. Dominateur, il doit savoir diriger, commander, organiser, licencier, imposer sa loi. Calculateur, il doit rassembler des capitaux, les investir en de multiples entreprises, imaginer des moyens de crédit, répartir des profits, calculer des taux de change, gérer les capitaux d'autres marchands, d'artisans, d'hommes de loi, de grands seigneurs, de religieux, réunis aux termes de contrats établis devant notaire ».

Les risques sont grands en effet, du fait de la navigation, du climat, du piratage, des épidémies et maladies survenant à bord, de perdre une cargaison. A terre, ce n’est pas mieux, en raison du brigandage, de la qualité des routes et chemins peu praticables, des innombrables droits ou péages dus à l'entrée et à la sortie de chaque seigneurie, de chaque ville, sur chaque pont, du fait que la monnaie était rare et variait d'un fief à l’autre, comme le rapporte dans Rome et le Moyen âge - 735 avant J.C. -1492[2], Mallet et Isaac.

Ces marchands furent souvent en cette période des armateurs et financiers associés dans des compagnies, des indes le plus souvent, disposant de monopoles qui leur étaient octroyaient par les empereurs et rois, moyennant le paiement de redevances, de droits.

Les plus connues d’entre elles furent créées et concédées par des états et des villes états, les Provinces Unies, l’Angleterre, le Portugal et la France, tirant quelques intérêts directs à l’affaire. Celles-ci disposant sur place de comptoirs, d’agents, de personnels aptes à leur trouver sur place les produits, les producteurs et les vendeurs, comme les marchands assyriens au XIXe siècle av. J.-C. qui pratiquaient le commerce à longue distance entre la ville d’Aššur et l’Asie Mineure, avec en son centre, Kaniš, comme le relate l’épigraphiste et archéologue Cécile Michel dans un article intitulé La comptabilité des marchands assyriens de Kaniš (XIXe siècle av. J.-C.)[3], dont on peut que recommander la lecture, et les phéniciens. Ceux-ci créèrent également des villes, des colonies têtes de pont des échanges, comme Carthage en 814 avant J.C. sur la côte tunisienne. Comme le fut Marseille par les grecs, par les phocéens plus précisément, sous le nom de Massalia vers 600 avant J.C.

Faciliter le commerce avait aussi bien avant que le commerce maritime outre-Atlantique ne vienne concurrencer le commerce méditerranéen et dans l’océan indien, pour les recettes publiques quelques avantages, ceci donc avant le XVème siècle, que cite dans La vie quotidienne en Grèce, au siècle de Périclès[4] (492 avant J.C. – 429 avant J.C.) Robert Flacelière : «Les négociants, ayant à faire d'énormes mises de fonds et courant de grands risques, sont aidés à l'occasion par les banquiers, qui leur prêtent de l'argent à gros intérêts. A toute cette activité qu'il laisse libre - sauf, nous allons le voir, en ce qui concerne le marché des céréales - l'État trouve son bénéfice, car il perçoit, par l'intermédiaire d'une société fermière, en droit de douane du centième, puis du cinquantième, sur la valeur de toutes les marchandises qui passent par le Pirée ».

Parmi ces marchands représentatifs de cette profession, en France, on ne peut que citer Jacques Cœur (1400-1456), qui fut à lui tout seul une compagnie, dont la vie est retracée dans un roman-récit de Jean-Christophe Rufin, ancien ambassadeur, prix Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil et académicien, intitulé le grand Cœur[5] et sur un site dédié http://www.jacques-coeur-bourges.com/.

Né à Bourges, d’un père marchand, pelletier de son état, Jacques Cœur fit connaissance avec les métiers de l’argent par son beau-père, qui était maître des monnaies de Bourges. Mêlant des activités publiques et privées, il fut, à la fois et distinctement, changeur, monnayeur (fabricant de monnaie), percepteur, conseiller du roi, banquier, marchand, armateur, négociant, acheteur-revendeur, importateur et exportateur.

La charge de Grand Argentier du royaume de France consistait à gérer l'argenterie, une sorte de « grand hypermarché fréquenté par le roi, ses favorites et les nobles de la cour » nous dit le site http://www.jacques-coeur-bourges.com/.

Comme marchand, il établit et entretint des relations commerciales suivies avec des pays du Levant (pays méditerranéens) en créant tout un réseau de comptoirs en France et à l’étranger, à Bruges entre autres lieux. En s’appuyant sur des hommes de confiance, des correspondants et « facteurs », avec l’aide et le soutien du roi, qu’il finança à maintes reprises. Pour ces services rendus, Charles VII, l’anoblit en avril 1441.

Contemporain de Jeanne d’Arc (1412-1431), en ces temps de guerre (de cent ans), troublés, instables, de luttes intestines entre féodaux, de pouvoir royal peu affirmé, peu propices au commerce de proximité, local et régional, doté d’un esprit d’entreprise hors du commun, attiré par le grand large, à la fois à ses risques et périls et sous la tutelle du roi, comme souvent le furent ces marchands, il devint l’homme le plus riche de France.

En s’inspirant et en faisant concurrence quasiment sur la même période, que les historiens dénomment le Moyen-âge tardif, aux villes-états commerciales, aux hanses[6] du nord, à Anvers, Bruges, Venise, Gènes et à Florence, qui était administrée par Come de Médicis (1389-1464), qui fut aussi, hors homme politique, financier et marchand sur une zone d’influence s’étendant du nord au sud sur une grande partie de l’Europe grâce aux filiales basées à Milan, à Bruges, à Lübeck, un port hanséatique de la mer baltique, et à Londres.

Au fil des ans, et de nos jours, ce terme de marchand au sens précité, quelque peu désuet, a disparu de notre vocabulaire, remplacé pour les mêmes activités par celui de société d’import-export, d’acheteur-revendeur. Tandis que les entreprises importent et exportent le plus souvent en direct, pour limiter les frais, via parfois des centrales d’achat, en générant une nouvelle profession : l’acheteur international, et en recourant aux services de commissionnaires ou de courtier et comme par le passé d’agents commerciaux ou pour les plus grandes à leurs filiales commerciales.

 

[1] Editions Arthème Fayard, 1991

[2] Editions Hachette littérature, André Alba, 1958

 

[4] Editions Librairie Hachette, 1959

[5] Editions Gallimard, 2012

[6] Associations de marchands

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